vendredi, mai 18, 2007

Retour en vacances : 20 janvier-5mars.



Avant tout permettez moi de vous souhaiter une bonne, sainte, heureuse, prospère, enrichissante, luxueuse, riche année du cochon (oups je suis devenu chinois sur la fin). Savez vous que l’année du cochon est la préférée des chinois ? Et oui car ils rêvent d’être comme le cochon gros et gras et de ne rien faire… (également fondement de la philosophie taoiste, de ce que j’ai compris). Le gouvernement s’attend à un étonnant pic de naissances cette année !
(assez peu de photos pour la aprtie avec les parents, elles sont a Grenoble, desolé, ici cochon geant a Chengdu)








Carnet de voyage.

J’ai coupé ce récit en trois parties (désolé Sciences Po) pour le rendre plus digeste mais aussi car il y a bien eu trois temps dans ces longues vacances (6 semaines tout de même) : celui avec papa et maman, celui avec Michaël, un ami de Pékin et celui seul. Ce séjour commence aussitôt après mes partiels. Le 17 janvier à 20h mon avion décolle : adieu froid et cours , en route pour les tropiques, en route pour 6 semaines de découvertes de la Chine !

Mes vacances commencent avec les parents à Canton où nous partons visiter des maisons traditionnelles Hakka. Combien de temps ces maisons tiendront-elles encore face à la modernisation de la Chine ? Ces habitations sont bâties sur un principe familial collectiviste, faites pour que l’ensemble d’une famille y vive (entendre famille au sens large : parents, enfants, petits-enfants voir plus…). Ce type de « phalanstère » à la chinoise regroupe ainsi parfois plus de 300 personnes… aujourd’hui encore occupé par les descendants du fondateur. Avec la modernité, les familles les plus riches ont fait raser leurs petits quartiers d’habitation pour le remplacer par des maisons plus spacieuses et confortables. Pour combien de temps ces maisons ayant résisté à la Révolution Culturelle résisteront-elles au développement économique ?
Cette excursion à Canton nous a également permis de visiter une célèbre plantation de thé (Pu’her) et bien sûr son temple attenant. Etant donné que tous les temples se ressemblent autant vous décrire celui là vous en serez quitte pour les autres. En rentrant dans le temple, vous passez quatre gardes (quatre rois combattants) sensés protéger le monde. En face de vous le bouddha de la prospérité devant lequel tous les chinois s’inclinent. Puis vous rentrez dans la cour du temple, ressemblant à nos cloîtres avec des pots de bronzes au milieu pour y brûler de l’encens. Enfin vous pénétrez dans la salle au grand bouddha (en fait le premier bouddha) dans laquelle siègent 1 ou 3 bouddhas (avec leur swastika inversée sur la poitrine, ce qui paraître surprenant au premier abord). De part et d’autre des 3 bouddhas de nombreux Arahts (souvent 64) sont disposés autour de la salle. Par ailleurs deux pyramides de l’équivalent de nos ex-voto encadrent les bouddhas. Les murs sont souvent peints, les toits le sont remarquablement, le tout dans un style chinois. Enfin dans 90% des temples vous rajoutez le fond musical techno ou pseudo musique traditionnelle, quelques néons et autres accessoires qui font que les chinois ont la palme mondiale du kitsch ! Ah, j’oubliais, chaque temple à son « exceptionnel, sensationnel » fait extraordinaire… Ici les Chinois tiennent pour extraordinaire le fait que bien qu’au milieu d’une forêt, les toits du temple ne sont jamais couverts de la moindre feuille morte. (petite explication, nous sommes passés en plein hiver, la forêt alentours était verte, il s’agit tout simplement d’une forêt d’arbres à feuilles persistantes).






au detour de Chengyang, village Dong

Finit la côte Est, nous voilà partis pour le centre à la découverte de la Chine, la vraie ! Longsheng est un splendide petit village montagnard au milieu des rizières en terrasse. Le spectacle est épatant, il semble que l’ensemble de la montagne ait été terrassé, c’eut été encore mieux si le brouillard ne s’était invité. Les maisons semblent encore faites selon la tradition, en bois… pour combien de temps encore ? Déjà certains villages voient apparaître des immeubles de brique au milieu de ces constructions typiques. La minorité Miao habite cette région, elle est réputée pour ses terrasses, sont travail de l’argent et de l'indigo et ses ponts
Pont du vent et de la pluie de ChengYang

couverts à l’entrée des villages. Comme toutes les minorités elle ne parle pas chinois mais le miao. Autant dire que tout le voyage dans les minorités s’est passé en Chin-glish… avec parfois des summums en dialecte local (grande solitude après 6 mois de chinois, la phrase « j’aime beaucoup la cuisine chinoise, mon plat préféré est le n° 27 » prend tout son sens). Cette première marche nous a aussi appris à nous méfier des renseignements des chinois : 1h annoncée, 5h de marche… Autre découverte chinoise, partis dans le sud pour avoir chaud, nous avons découvert que pour les chinois le chaud équivaut à plus de 0°, étant donné qu’il n’y a pas de chauffage au sud du YangTsé, ce voyage a aussi été placé sous le signe du froid ! Autres découvertes : les hôtels interdits aux étrangers, les minorités où hommes femmes n’ont pas le droit de dormir dans la même chambre ; l’impossibilité de trouver un CD vierge dans le pays du piratage (finalement c’est logiquement dans le magasin de photocopie qu’il faut chercher ce type de service)…
Nous quittons les endroits touristiques pour entrer dans la province du Guizhou en bus… Nous découvrons ce que peut-être une Chine en développement ; ça commence par la construction de routes. Pour l’instant nous avons fait les frais de pistes défoncées par la pluie, pleine de boue, on se croirait presque au Paris-Dakar, version asiatique. Ce type de route sera celui que l’on empruntera pendant la semaine suivant notre départ de Longsheng, éreintant mais fort intéressant de découvrir la Chine en disparition. En bus nous passons de nombreux villages Miao ou Dong (minorité proche des Miao) souvent desservis par un unique bus journalier. Dans ces contrées nous sommes seuls touristes et pouvons voir ce que sont les minorités (pas la version pour touriste). Par la suite nous visitons encore un village Dong et son « pont du vent et de la pluie » (ponts couverts, issu d’une légende Dong), nous voilà de retour au Moyen-Age ! Puis en route pour les minorités Miao, Chengyang, ZhaoXing, Langde, Gao’An… autant de noms qui ne vous diront rien, autant de villages de montagnes construit de bois, entourés de rizières, où l’on travaille grâce aux buffles, où les poulets courent en liberté dans la rue, où le téléphone est public, où les petits vieux ne parlent rien si ce n’est leur dialecte, où l’eau chaude n’existe pas (robinet à l’extérieur bien sûr) mais où la télé fait ses ravages, où l’on passe entre 3 et 8h de route entre deux. Il faut se dire qu’en Chine le voyage est autant sur la route que dans la destination (souvent ravagée par la Révolution Culturelle). Et puis quel meilleur moyen de découvrir le pays que de vivre avec les chinois, de se tasser avec eux dans des bus trop petits, de subir les aléas de la route, de régulièrement entendre leurs raclements de gorges et ce qui suit, d’avoir pour compagnon tantôt un oiseau, tantôt des poissons… de faire 40km en 3h somme toute !
En plus des temples bouddhistes et autres religions locales nous croisons quelques rares églises, souvent fermées lorsqu’elles sont catholiques. La plus étonnante en est celle de Guiyang fondé par les MEP. « Sancta Ecclesia Catolica de Guiyang », étonnante inscription trônant au-dessus d’une imitation en brique d’une église européenne. Puis passé le porche, au fond de la cour se dessine un bâtiment très chinois, surplombé par une croix… la cathédrale de Guiyang ! Le fronton par contre ne recèle aucun thème catho, il s’agit plutôt de dessin abstrait… seul moyen de ne pas être fermée ? (ou influence jésuite diraient les mauvaise langues).
Côté culinaire ce bus-trip a été placé sous le signe de la mandarine et du pain (à peu près seule valeur sûre que l’on trouve en abondance dans cette région), mais aussi du riz à l’œuf (grand classique), de la viande rance, de la patate… rien de bien fou, alimentation loin de celle des villes, encore plus lointaine de la cuisine chinoise européenne. Enfin après deux semaines on finit par être déçu par les restaurants pour occidentaux et redemandons des gargotes de rue bien plus animées et culinairement moins aseptisées !

Enfin nous arrivons au Yunnan, célèbre pour son thé, ses révoltes face à Pékin, son influence française (qui y a laissé un « pain vietnamien » ressemblant étonnamment à nos pains français), sa frontière avec le Myanmar, ses treks et ses touristes français.
La visite de Kunming infirme le fait que le Yunnan est une des six plus pauvres provinces de Chine, autour de nous s’élèvent des immeubles modernes, des magasins de marques (pas des copies) sont présents… Temples, parcs, masseurs aveugles, le tour de la ville est vite fait. Cependant étant un samedi nous pouvons réaliser ce qu’est la Chine et son milliard quatre d’habitants sur les marchés.
Puis nous partons en bus de nuit (expérience enrichissante, spacialement restreinte) pour Lijiang, nouvelle vielle ville (les chinois en sont spécialistes) on ne peut plus touristique. La seule partie de la vielle ville d’origine a été saccagée par la Révolution Culturelle… Retour à la civilisation occidentale, retour au tourisme occidental. Puis Papa et Maman repartent me laissant seul.

Riziere en eau sous eau...
M’étant trompé de trois jour dans la date de départ des parents je me retrouve trois jours seul avant de rejoindre un ami à Kunming. Je pars pour le sud du Yunnan, voir de nouvelles rizières en terrasse ; mais encore une fois le temps n’est pas au RDV. J’ai pu voir des rizières en eau sous eau… « Tu fais quoi ici ? Je ne sais pas trop. Viens avec nous. » Voilà à peu près comment s’est déroulée ma première rencontre avec un groupe de Cantonais avec qui j’ai voyagé ces quelques jours. Première découverte de ce que peuvent être des chinois non intéressés… pour qui je ne suis pas qu’un portefeuille ambulant. Les Chinois sont alors extrêmement prévenants et généreux (oui ça existe aussi en Chine, aussi étonnant que cela semble). Egalement découverte qu’en Chine, la côte Est se pose en colonisatrice des régions pauvres. J’ai trouvé mes amis avec un esprit très « colons » face à ces minorités… Enfin, cette courte escapade de trois jours prend fin lorsque que je retrouve Michael à Kunming. Notre programme? Aucun, juste un ou deux projets pour le Xishuanbanna (terre de trek à la frontière du Myanmar).




Au détour de la forêt
Notre première étape est donc Jinghong dans le Xishuanbanna, ville connue pour ses treks, le Mékong (pas si impressionnant à ce niveau) et sa contrebande ! De là nous repartons pour trois jours de trek dans la jungle au sein des villages de minorité, théorique seulement… le chemin choisi est actuellement en élargissement pour une grande route. Dans la ville de départ, à 5km de la frontière, nous croisons 5-6 magasins de téléphones portables, 3 de motos, rien que dans la rue principales, pour 10 000 habitants... Le début du chemin est sur une petite route au milieu des rizières, et des villages de cette minorité Thaï. Nous croisons régulièrement des
Sur les bords du Mekong
petits temples ou des alcôves avec de l’encens brûlant. Puis nous nous enfonçons dans ce qui est la jungle… en pleine destruction par les paysans qui appliquent la méthode du brûlis afin de gagner en terre cultivable. Les cultures sont presque entièrement occupées par des hévéas, pas de culture vivrière ici, étonnant. Notre première nuit se fait chez l’habitant et nous pouvons constater que malgré un dénuement de tout luxe (imaginez une maison paysanne entre le moyen-âge et la révolution), la famille a la télé par satellite, fenêtre sur le monde qu’ils ne
village entre colline et jungle
connaîtront jamais. Les paysages traversés
oscillent entre les collines de jungle (ou d’hévéas,selon la proximité avec le village suivant) et les rizières dès que le terrain devient plat. Nous traversons ainsi des rizières sèches avant d’arriver à la ville de fin de trek. Comme il nous reste quelques jours, nous décidons de continuer quelques peu sur un autre trek. Introuvable nous finirons par faire demi-tour après une belle nuit sous tente. Finalement la période trek Xishuanbanna se finit avec un marche dans les collines autour de notre ville d’hébergement. Cette fois-ci la région est bien plus développée, les rizières sont abondantes dans les vallées… paysages que je me serais imaginés en Afrique Centrale.

Rizieres...
En route pour Dali, notre prochaine étape (encore une nouvelle vieille ville), notre bus est arrêté par l’armée cherchant deux étrangers… la frontière est proche, le trafic abondant. En tant que blancs nous ne sommes pas inquiétés (échange entre un autre blanc et un militaire : «Passeport. » « Il est dans mon sac dans la soute mais j’ai ma carte d’étudiant… Ah non elle est aussi dans mon sac » « Bon c’est pas grave. »).
La visite de la ville de Dali n’a pas d’intérêt majeur, comme bien des anciennes villes reconstruites à la chinoise. A noter toute fois une église catholique très sinisée, au sein de laquelle
Les pagodes, symboles de Dali
nous avons un tableau de Jésus devant la Grande Muraille, mais aussi étonnant un portrait de Benoît XVI. C’est dans cette église que nous aurons le droit à nos messes matinales obtenues non sans péripéties… Etonnamment les célébrations ne regroupent presque que des jeunes hommes. Par ailleurs, remplaçant notre traditionnel orgue, un piano accompagne les chants en chinois. Par ailleurs Dali est une ville prise entre un grand lac et une chaîne de montagne aux sommets quadri-millénaires. Le tour du lac à vélo nous prend plus d’une journée mais nous permet de découvrir les villages non touristiques de la région et d’entrevoir à nouveau
ce que peut être la Chine dans cette région : un pays très méridional, places du village à l’ombre de platanes, petits marché, petits vieux assis et parlant… même nonchalance, même climat ; il ne manque que l’église (remplacée par un temple) et la pétanque (majong) pour se croire dans le Sud (même les maisons de stars sont présentes !). Remise en jambe montagnarde avant de repartir pour les célèbres gorges du saut du tigre.


Place du village autour de Dali







Dali, 2000m au dessus.

Là encore ce sont deux jours de trek qui nous attendent. A cet endroit le YangTse se rétrécit pour atteindre de largeur de 18m (d’où le nom de gorges…). La légende voudrait qu’un tigre chassé aurait choisi cet endroit pour sauter par-dessus ce fleuve et échapper à son chasseur. De l’autre côté de la gorge, des 5000 surplombent le fleuve. De notre côté le chemin est certes escarpé mais largement accessible. Ce sont trois jours de treks splendides en terre Naxi, entre monts et écume, le chemin est unique… C’est aussi ici que s’achèvent mes vacances avec Michaël. J’oubliais, autre lieu autre chinoiserie. Alors que
Les gorges du saut du tigre...
devant nous un cavalier est tombé avec son cheval sur une hauteur de 5m, ces chers touristes commencent par se faire passer un savon pour avoir blessé le cheval (tombé sur le cavalier), puis comme il n’y a pas d’ambulance disponible avant Kunming, il faut l’évacuer avec les moyens du bord mais voilà, le chemin le plus praticable passe par le champ de légumes d’une personne absente… imaginez vous les tractations avec des chinois non propriétaires du terrain concerné refusant coûte que coûte que l’on passe par un champ au risque d’abîmer les légumes même si l’on paye compensation. Pendant ce temps là notre blessé est bien au fond de son ravin parlant à peine.


Autour du lac de Dali. Qui a dit que la Chine restaurait trop ?



















Terrasses calcaires devant le Tibet.

Me voici donc « seul ». Les guillemets sont de rigueur puisque dans un pays de 1,4 milliards d’âmes on est jamais tout à fait seul ; surtout en région touristique en vacances scolaires. En guise de démarrage je prolonge ma marche des gorges du saut du tigre vers le nord afin de rejoindre des terrasses calcaires de Baishuitai. Ici nouvelle petite chinoiserie. Nous sommes le 15 à 3 jours du nouvel an chinois. Après confirmation que je pourrais repartir le lendemain matin à 8h30 pour Lijiang, je m’en vais visiter les terrasses. Le lendemain, à 9h30, toujours pas de bus et je finis par apprendre que finalement le bus ne repassera pas avant le 19… Me voilà quitte pour un peu de marche et du stop pour rejoindre une ville un peu plus grosse d’où je prendrais un bus pour Zhongdian. Au final cette mésaventure me fera rencontrer 2 anglais avec qui je passe mes 2 jours à Zhongdian. Pour la petite histoire Zhongdian a été rebaptisée Shangrila il y a quelques années… le Shangrila étant supposé être une contrée mythique de paix et d’harmonie que Rock aurait situé dans le Yunnan.


Shangri la, ou le paradis terrestre pour les chinois, vous le voyez comme ca le paradis vous?
Zhongdian, à 3200m, marque le début du monde tibétain, j’y vois mes premiers yaks, mes premiers tibétains, mes premières femmes emmitouflées pour se protéger du froid. Zhongdian est également une reconstitution de ville typique tibétaine, avec une reconstitution de temple tibétain. Heureusement à 5km de là se dresse un vrai temple tibétain, un des plus gros en dehors de la région administrative du Tibet. Pour vous faire une image de ce que cela peut être, je vous renvoie à Tintin au Tibet… Voyage dans un cliché. Cependant on fait vite le tour de cette petite ville dans laquelle je découvre que le nouvel an chinois n’a rien d’extraordinaire, il s’agit surtout d’une fête de famille. Profitant de la rencontre d’une Shenzhenoise de passage je parviens à m’incruster dans son taxi pour Lijiang (pas de bus, nous sommes le 18) d’où je repars au plus vite pour la province voisine du Sichuan.


"Je suis le plus grand, le plus gros, le plus fort" (Alex...)
Mon premier arrêt dans cette province sera pour le plus grand bouddha du monde, 36m de haut, des pieds de 8m de long, des oreilles de 2… un géant somme toute. Pour la petite histoire le bouddha aurait été commandé par un moine pour qu’il protège les marins des remous très importants dans cette partie de la rivière… mission réussie puisque les déchets de matériaux rejetés dans le fleuve ont comblés les trous provoquant les remous. Puis je rends visite aux sculptures dans roche de JiaJiang qui sont une série de petits bouddhas et autres sculptures bouddhiques dans les falaises face au YangTse.


Dazu : imaginez vous cette roue du destin fait 2m de diametre, d'une precision daibolique !

Cette petite série m’impressionne tant que je repars deux jours plus tard voir sa grande sœur de Dazu nettement plus impressionnante. Je profite également de mon séjour à Chengdu pour visiter un des premiers systèmes d’irrigation au monde encore en activité à Dujiangyan. Tout un système de détournement de rivière et de blocage des dépôts du fleuve à été inventé il y a 2700 ans.
Puis je quitte les riches terres de Chengdu (grenier à riz de la Chine) pour les monts du nord Sichuan. Petit à petit je rerentre dans le monde tibétain. Les villes se succèdent, toujours les mêmes : des barres d’habitations communistes
Langmusi, frontiere entre deux monde, hui ou bouddhiste?
jouxtent les taudis de ce qu’on appelle des hutongs, devant la gare routière de nombreux étals de fruits, sucreries, boissons, des restaurants, de nombreux taxis aussi, le tout dans une crasse sans nom. Parfois au cours du paysage une enseigne « Lafarge » détonne avec le reste. Plus nous avançons dans les montagnes, plus les barres laissent place à des maisons délabrées. Avec Pay mon compagnon Singapourien de l’instant je visite Songpan, un des derniers avant postes chinois avant les terres barbares au temps de la dynastie Ming. Puis continue seul sur Zoïge, en plein cœur du monde tibétain avec ses grands pâturages enneigés, ses cow-boy en moto guidant des troupeaux de centaines de yaks, seules bêtes survivant dans ce froid. Curieuse coutume, en haut des cols les passagers jettent des carrés de papiers sur lesquelles sont inscrites des prières. Je quitte le monde tibétain pour entrer dans le monde musulman (minorité Hui) dans la province du Gansu.


Desert de glace oblige, impression de far west entre troupeau de Yak et Cow boy ?
















Autre minorité, autres coutumes. Les Hui sont reconnaissables à leur fez blanc sur la tête. Leurs terres le sont à ce qu’ils tentent de la cultiver. Je dis tentent car c’est aussi la région la plus désertique que j’ai croisée. Le torchis des maisons tibétaines cohabite ici avec les briques, des mosquées plus ou moins sinisées (plus elles sont anciennes, plus elles le sont), de la nourriture plus saine (avec du pain !), des BenLaden à moto ou en vélo à chaque coin de rue, des chapelets musulmans en vente, de l’écriture arabe : bienvenue dans ce que j’ai pu appeler le Huiistan. Mis à part quelques mosquées et quelques temples tao, il n’y a rien, la visite est dans la rue. Bienvenu au Huiistan, pays musulman.

Saurez vous faire la difference entre le village Salar et son environnement?

Dans ce Huiistan je pars vers les Salars musulmans (autres minorités) vivant dans le Qinghai, au bord du fleuve Jaune. Malgré la proximité du fleuve, me voilà dans la région la plus sèche que j’ai croisée, entre des monts rouges ocre où pas une plante ne vient casser la monotonie. C’est dans cette atmosphère que je me coucherais sous les étoiles pour une nuit gelée mais fort belle, pour un lever au son du minaret ! Dans cette région les animaux mangent l’écorce des rares arbres, la seule végétation existante et cultivable est un épineux, la force humaine remplace ici la force animale ou mécanique. Je suis bien dans la région la plus pauvre de Chine où une simple moto est signe de richesse.


Cherchez l'erreur ! (mis a part le cadrage)

Mais voilà mon rdv avec des amis pour le nouvel an tibétain approche et je me dirige vers le sud, et rererentre dans le monde tibétain. Mon premier arrêt me fait tomber par hasard sur une cérémonie du nouvel an tibétain dans un temple bouddhiste (secte des bonnets jaune). J’assiste à la fin des danses supposées enfermer les mauvais esprits dans une thorma que l’on brûle à l’issue de la cérémonie. Cependant il faut d’abord transporter la thorma dans le lieu désigné par les oracles pour le bûcher. Ainsi c’est une centaine de pèlerins qui accompagnent une quarantaine de moines portant la thorma et les trompettes rituelles. Le tout se fait dans une
Toute la clique est reunie pour bruler la thorma
ambiance bon enfant au milieu des pétards et des éclats de terre projetés par les pétards. Les jeunes courent tous à l’avant du convoi, c’est à qui ira le plus vite, franchira le plus de terrasses d’un bond, réussira à éclabousser le plus de personnes avec le pétard qu’il place dans une motte de terre. Le tout donne une légère impression de guerre la fleur au bout du fusil. Puis on brûle la thorma et chacun rentre chez soi.
Autre chinoiserie pour me rendre à mon ultime étape : j’ai appris la veille qu’il n’y avait plus de billet pour ma destination, en parlant avec le tenancier de l’hôtel, celui-ci me dit « je parlerais demain au chauffeur ». Et me voilà dans le bus alors que bien des chinois devront attendre
Tout ca pour un feu de paille...
le lendemain pour partir. Enfin j’arrive à Xiahe terminus du périple, je peux enfin me poser et arrêter de me lever à 6h pour le bus ! Ce temple est un des 6 plus grands temples bouddhistes. Il est extrêmement connu pour son Lama presque considéré comme un bouddha malgré ses 21 ans. Xiahe est également réputé pour sa fête du nouvel an (ce qui explique ma présence ici avec de nombreux touristes !). C’est à Xiahe que je rencontre Gerald (professeur d’anglais a Xining, étudiant le tibétain depuis un mois) et Juha (étonnant mélange de chercheur aimant le shopping et son petit confort mais s’étant enterré
Les Chinois, toujours aussi organises...
dans cette bourgade pour un an, étudiant les relations tibétains-touristes chinois…) et
retrouve des amis de Pékin. Ma première journée se passe avec la découverte de la distribution de thé sacré, véritable bataille rangée pour recueillir quelques gouttes du précieux liquide que l'on met dans la paume de sa main pour boire avant d'essuyer sa main dans ses cheveux… ainsi le malheur sera éloigné pour l'année. Le lendemain les moins sortent une thangka, sorte de tapisserie geante (celle la fait la bagatelle de 10 m sur 30) sur laqueuelle est represente un bouddha (jaune, rouge, bleu, vert ou blanc, chaque couleur ayant sa representation). Cette annee ce sera le rouge ! Pour l occasion des milliers de touristes et fideles se sont donnes RDV pour l' étendage de la toile aux premiers rayons du soleil... enfin officiellement le jour ne commmence qu'en presence du lama du temple, c est a dire 11h. Pour discipliner cette foule les moines usent d un service d'ordre assez particulier composé de fidèles munis de pierres et batons, d'enfants munis du droit de repousser les gens lorsqu'ils commencent a monter sur la colline du thagka et d un faux tigre qui va de part la foule en cognant les réfractaires a l'ordre ! Une fois la toile etendue, les quelques danses effectuées devant le lama et le lama parti, les milliers de fideles se ruent sur le thangka pour le toucher alors que de leur côté les moines le défendent comme ils peuvent ! C est le moment de s'esquiver pour aller decouvrir le couvent et le temple de la secte des bonnets rouges... Le lendemain ont lieu les danses autour de la thorma comme à Tongren. Pour l'occasion on a de nouveau des milliers de
Ca ferait pas mal dans le salon non? Un peu grand peut-etre ?
spectateurs et un service d'ordre tout aussi musclé que le précédent... Autre curiosité, au sein de la foule a lieu ce qu'on pourrait appeler un systeme d Etat providence primaire. Je m'explique, les pèlerins font la quête dans l'ensemble de la foule et la redistribuent en même temps aux personnes le demandant... Curieuse facon de pallier à un Etat communiste ne faisant pas son devoir. A cette occasion une petite thangka est egalement pendue au temple (bleue cette fois ci). Une fois la thorma brulée il ne reste à la foule qu'à se disperser. Pour finir mon sejour derniere chinoiserie : au moment de prendre mon billet pour Lanzhou, le personnel vient de fermer mais m'asure qu il n y aura aucun probleme pour acheter un billet le lendemain matin... Forcement fausse info vu que tous les billets on été vendus ! Aie mon avion est a 17h... Finalement j'y arrive par des voix detournées, en prenant un bus pour aller ailleurs. A mi trajet le chauffeur fait s'arreter un bus a destination de Lanzhou, et je peux changer de destination... tout peut s'arranger en Chine ! Tout ca pour finir mes vacances a Lanzhou, ville chinoise ou il n'y a rien a faire, rien a voir... juste le temps d echapper a une folle rencontre au millieu de mes vacances et de retrouver une amie de Xiahe.
Retour a Pekin, Fine

Comments:
Ouaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
 
De loin ton plus beau post, t'as presque l'air sage et mature.
 
Coucou Florent! C'est la chinoise de service! j'arrive un peu tard sur ce blog et g pas encore eu le courage de tout lire,mais ça ne saura tarder...tu vas me faire complexer, maintenant que tu connais mon pays mieux que moi....
 
Bon, à défaut de nous répondre....Tu l'actualiserais un peu ce blog.....on le connait par coeur ce post...

"Avant tout permettez moi de vous souhaiter une bonne, sainte, heureuse, prospère, enrichissante, luxueuse, riche année du cochon (oups je suis devenu chinois sur la fin). Savez vous que l’année du cochon est la préférée des chinois ? Et oui car ils rêvent d’être comme le cochon gros et gras et de ne rien faire… (également fondement de la philosophie taoiste, de ce que j’ai compris). Le gouvernement s’attend à un étonnant pic de naissances cette année !"
 
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